Le matériel nécessaire pour faire de l'exploration de cavernes (spéléologie) est plutôt simple et relativement peu coûteux. Il est disponible dans les boutiques plein-air (figure 1), quoique les baudriers (harnais) pour la spéléologie soient moins fréquents dans les commerces, mais ils sont disponibles auprès des associations de spéléologie.
Il n’y a pas de vêtement obligatoire pour effectuer ce type d’activité, mais plusieurs optent pour une combinaison faite d’un tissu résistant. Cette dernière permet de se tenir au chaud puisque la température à l'intérieur d’une caverne est équivalente à la moyenne de température annuelle de l'endroit où se trouve la cavité. Ce qui veut dire qu’habituellement, la température se situe entre 12 °C et 16 °C, plutôt frisquet ! Cependant, la chaleur dégagée par les mouvements et l’activité physique permet d'être confortable. La combinaison offre d’autres avantages : elle ne se déchire pas facilement, et comme il y a peu d’ouvertures, elle est moins accrochante qu’un t-shirt et un pantalon. Il est vrai que le t-shirt et le pantalon sont un peu plus légers, mais la plupart du temps, ils ne résistent qu’à quelques sorties seulement.
Le casque de protection est un incontournable dans l’exploration des cavernes (figure 2) Il existe des dizaines de marques et de modèles qui ont en commun : une grande résistance, un fond ajustable avec des sangles, et des perforations qui facilitent l’aération. Il suffit d’examiner un casque après quelques sorties seulement pour se rendre compte à quel point les stries, égratignures et marques profondes dans le plastique du casque s’accumulent rapidement, sans même qu’on s’en rende compte. Autant de blessures et de désagréments évités.
Le casque est aussi un excellent endroit pour fixer la principale source lumineuse qui permettra de mieux voir et de s‘orienter dans le noir. En effet, la position sur l'avant du casque permet de diriger la lumière dans la direction du regard, ce qui est fort utile. Cette disposition permet de laisser les mains libres, ce qui est appréciable dans un contexte d'exploration, ou de recherche de bestioles pour les biospéléologues. Les sources lumineuses se sont beaucoup modernisées depuis les années 1980. Auparavant, il s’agissait de lampes à acétylène, qui brûlait le gaz dégagé par une réaction chimique produite dans un petit contenant attaché à un brûleur. Après cette période, plusieurs types de sources lumineuses ont été produits, combinant différentes ampoules et types de piles. Depuis quelques années, ce sont les systèmes utilisant des ampoules DEL qui se sont imposés à cause de leur puissance et leur faible demande en énergie. Il existe des lampes DEL pour tous les goûts et tous les budgets.
Les biospéléologues doivent demeurer agenouillés sur le sol pour soulever des pierres afin de les inspecter, puisqu’ils sont à la recherche de bestioles souvent petites et difficiles à trouver. Une pierre sans bestiole signifie qu’il faudra ramper jusqu’à la pierre suivante, qui apportera peut-être plus de chances. Après quelques heures de ce type de déplacement, il devient évident qu’une journée de travail peut difficilement s’effectuer sans genouillères et protège-coudes. Quand les déplacements sont du type exploratoire et se font sans ramper, il n’est pas nécessaire de se protéger les articulations. Mais dans la recherche de formes de vie rares, cet équipement est essentiel. Pour capturer les bestioles aperçues, il existe plusieurs méthodes, mais la plupart du temps les biospéléologues utilisent des aspirateurs, ce qui permet de capturer les bestioles qui se déplacent rapidement, sans craindre de les abîmer. Cette méthode permet aussi de les transférer facilement dans des contenants appropriés, voire même directement dans l’alcool si les spécimens sont prélevés à des fins d’analyse de l'ADN.
La forme et la taille des cavernes sont très variées et il n’est pas rare qu'au cours d’une exploration, les explorateurs doivent passer par des sections de cavernes qui sont verticales.
C’est ce type de déplacement vers les profondeurs de la Terre qui fascine les gens et pour cause ! Les photographies sont souvent spectaculaires et nous nous imaginons très facilement au bout d’une corde, dans le noir, un énorme vide en-dessous de nous. Toutefois, sans enlever le côté aventurier à de telles scènes, il faut rappeler que le matériel approprié permet d’effectuer ces manœuvres en toute sécurité. Nous donnons ici un aperçu du matériel nécessaire et traitons de quelques aspects techniques en guise d’introduction. Référez-vous à des autorités compétentes, comme la Société Québécoise de Spéléologie (SQS http://www.speleo.qc.ca) si ces quelques lignes attisent votre intérêt. De tels groupes existent dans plusieurs endroits de la planète et ont pour but de promouvoir la spéléologie et les disciplines connexes.
Pour effectuer une descente, il faut d’abord attacher une corde (figure 3) qui permettra de se laisser glisser dans la cavité. Ces cordes sont spécialement conçues pour ce type d’activité; elles sont d’un diamètre qui permet de les passer dans les pièces d'équipement métallique (descendeur, bloqueur, ascendeur) mais qui permet aussi de créer la friction nécessaire pour contrôler la vitesse de descente. Typiquement, on attache la corde à au moins trois points d’ancrage pour assurer la fiabilité de l’installation, bien qu’un seul point soit amplement suffisant pour porter le poids d'un individu. Ces points d’attache peuvent être directement dans la pierre (œillets fixés dans le roc), et/ou avec une structure robuste située à proximité (arbre sain, automobile, etc). Il est impératif que la corde n’entre pas en contact avec un objet qui pourrait causer de l’usure et ultimement une rupture. La corde, solidement attachée, peut être lancée dans le vide après avoir pris la précaution de faire un nœud avant l'extrémité, ce qui permet de s’assurer de ne pas passer tout droit si la caverne est plus profonde que la longueur de la corde. Les pièces d’équipement citées plus bas, permettront de s’y accrocher sans risquer d’échapper la corde, que ce soit pour la descente ou la remontée. Le baudrier (harnais) est une pièce d’équipement importante pour effectuer des déplacements à la verticale. Il s'attache à la ceinture et passe autour des cuisses. Il est confectionné de telle sorte qu’un seul mousqueton (figure 4) (ou l'équivalent) permettra de soutenir le poids entier de l’explorateur. Mis en place et ajusté correctement, le baudrier procure une assise confortable soutenant le poids complet de l'explorateur.
Une fois le baudrier et la corde bien installés, il faut un descendeur pour glisser le long de la corde pour la descente. Il en existe plusieurs types, mais un des plus courants est le Petzl (figure 5). Il s’agit d’une pièce métallique qui se déploie pour former une espèce de croix, dans laquelle on fait passer la corde. Le descendeur est ensuite attaché au baudrier par un mousqueton. Correctement installée, la corde passe par le descendeur et une fois le poids entièrement transféré sur la corde, l'explorateur se trouve suspendu, le descendeur entre les mains. Le poids et la friction dans l'appareil font ressortir la poignée rouge, mais ne permettent pas la descente sur la corde. Pour ce faire, il faut appuyer avec la main sur la poignée rouge, ce qui crée un jeu dans l’appareil et décoince légèrement la corde dans le descendeur. Une légère pression sur la poignée rouge dégage légèrement la corde, donc une descente lente, tandis qu’une pression plus marquée provoque une descente plus rapide (figure 6). Toutefois, si on lâche la poignée du descendeur, la corde se bloque à nouveau, et freine complètement le mouvement de descente. Il est donc impossible d'échapper la corde. Avec un tel appareil et avec un peu de pratique, il devient facile de contrôler la vitesse de descente. Et impossible de passer tout droit au bout de la corde : le nœud terminal est là pour ça !
Pour effectuer une remontée, on utilise deux autres pièces métalliques : un ascendeur (aussi nommé poignée d'ascension) (figure 7) et un bloqueur (aussi appelé croll) (figure 8) . L'ascendeur s'accroche directement sur la corde sur laquelle s'effectue la remontée. Sur la partie inférieure de l’ascendeur, se trouve une corde plus fine qui se termine par une boucle. Un ascendeur comporte un mécanisme qui permet à la corde de glisser dans un sens (comme pour avancer sur la corde, vers le haut) mais empêche les mouvements vers l’arrière. L’ascendeur est utilisé avec une autre pièce métallique : le bloqueur. Celui-ci comporte aussi un mécanisme qui permet à la corde de glisser vers l’avant, mais bloque les mouvements de recul (vers l'arrière). Le bloqueur est installé sur le harnais, au niveau de la poitrine, et coince la corde à cette hauteur, devant l’explorateur.
Pour arriver à se hisser le long de la corde, il faut d’abord s’assurer que la poignée d'ascension est bien installée sur la corde en haut du bloqueur, à la hauteur d'un bras tendu. Le bloqueur lui aussi, coince la corde au niveau de la poitrine, sous l’ascendeur. Il faut alors passer le pied dans la boucle de la cordelette de l’ascendeur. La longueur de la cordelette fait en sorte qu’en poussant avec sa jambe, on se hisse sur la corde d’environ 30 cm. Ce mouvement vers le haut fait également monter le bloqueur de 30 cm le long de la corde, sauf que ce dernier ne redescend pas sur la corde, grâce au mécanisme de blocage. L’explorateur est donc 30 cm plus haut sur la corde. À ce stade, il est possible de faire avancer à nouveau la poignée d'ascension d’environ 30 cm, en la faisant avancer avec la main, puis se hisser en poussant avec sa jambe, ce qui fait monter tout le corps… et le bloqueur de 30 cm ! De cette façon, il est possible de se hisser sur la corde, 30 cm à la fois, en poussant uniquement avec les jambes. Cette méthode est très sécuritaire puisqu'il est impossible d’échapper la corde parce qu’elle est retenue par l’ascendeur et le bloqueur. Très confortable et sécuritaire, il est possible de prendre une petite pause lors des longues remontées.
Bien sûr, il existe d’autres techniques et pièces d’équipement adaptées à certains contextes et déplacements (longe courte et longe longue, tyrolienne), mais celles présentées ici donnent les bases pour cette fascinante discipline récréo-scientifique.
Auteur : Pierre Paquin
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