Les lucioles font partie de la classe des insectes (elles possèdent 6 pattes) et ce sont des coléoptères puisqu’elles ont des élytres, cette paire d’ailes qui recouvre la partie dorsale de l'abdomen (figure 2). Nous n'avons qu’à penser aux coccinelles (Coccinellidae) pour bien se mettre en tête ce que sont les élytres : cette paire d'ailes rouges souvent tachetées de point noirs. Chez les coccinelles et pour la plupart des coléoptères, ces ailes protectrices sont dures. Pour les lucioles cependant, les élytres sont mous, une caractéristique peu commune dans l'ordre des coléoptères, qu’elles partagent avec les Cantharidae. Contrairement à la plupart des coléoptères, les lucioles possèdent une bonne capacité de vol. Toutefois, il n’est pas clair que cette caractéristique soit à l’origine du nom “mouches à feu”, puisque ce ne sont pas des diptères (l’ordre auquel appartiennent les mouches).
Luciole, lampyre, mouche à feu, ver luisant sont des noms communs (vernaculaires) donnés aux espèces de la famille des Lampyridae, qui est le nom scientifique de la famille des lucioles. (voir le blogue sur la nomenclature). Personnellement, j’ai toujours trouvé rigolo le fait que ces bestioles, qui sont bien connues pour les signaux lumineux (bioluminescence) qu’elles émettent, possèdent un nom de famille qui commence par “lampe”. Il s’agit d’une excellente stratégie mnémotechnique pour s'approprier ce nom.
On compte près de 2000 espèces de Lampyridae sur la planète (figure 3), et un peu plus de 170 en Amérique du Nord, dont une quinzaine au Québec. Ces insectes sont associés aux régions tempérées et tropicales et affectionnent les habitats marécageux et les sous-bois. La plupart des espèces sont des prédateurs mais certaines se nourrissent aussi de nectar et de pollen.
Les Lampyridae sont bien connus parce qu’ils sont capables d’émettre de la lumière avec les derniers segments de leur abdomen (figure 1). Tous les lampyridae produisent de la lumière aux stades larvaires, mais les adultes n’en produisent pas tous. Une hypothèse intéressante à propos de la bioluminescence serait qu’elle servirait de signal d’avertissement chez les larves pour prévenir de leur mauvais goût. Avec l’évolution du groupe, ce signal qui aurait été perdu chez les adultes de certains genres, est devenu une adaptation pour la communication entre mâles et femelles. Ce signal lumineux est variable et sert de mécanisme pour que les mâles puissent discerner les femelles de la “bonne” espèce. Par exemple, la couleur de la lumière n’est pas toujours la même: jaune, verte, rouge pâle, bleutée et même violette. De plus, chaque espèce possède une séquence lumineuse qui lui est propre; par exemple : la “lumière” scintille 3 fois suivie d’une longue pause, scintille 3 fois suivie d’une longue pause, 3 fois suivie d’une longue pause, etc. Une espèce voisine pourrait avoir la séquence suivante : 2 scintillements suivis d’une petite pause, 2 scintillements suivis d’une petite pause, etc. C’est ainsi que les mâles et les femelles de la même espèce arrivent à se trouver en nature afin de s’accoupler et de se reproduire. Les femelles se servent de ces signaux lumineux pour attirer les mâles et chez certaines espèces, les femelles ne possèdent pas d’ailes, mais émettent tout de même de la lumière à partir d’un point fixe au sol. Ces femelles et les larves qui émettent de la lumière sont à l'origine du nom “ver luisant”. Les entomologistes ont découvert que les femelles Lampyridae du genre Photuris (figure 4) imitent les séquences lumineuses des espèces du genre Photinus (figure 5) pour leurrer les mâles, les attraper et s’en nourrir.
La plupart des Lampyridae sont de petite taille et mesurent environ 1 cm. Les larves de cette famille possèdent un aspect très particulier, elles semblent couvertes par une petite armure (figure 6) et sont parfois aperçues en grand nombre. Certains chercheurs ont avancé que la perte d'habitats, les pesticides, le changement climatique et la pollution lumineuse sont à l’origine du déclin de ces coléoptères un peu partout sur la planète. Il y a de quoi s’inquiéter !
Auteur : Pierre Paquin
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