Le topofil est un outil qui permet de retracer son chemin dans des déplacements où les conditions ne permettent pas de se repérer facilement (figure 1). Il s'agit souvent du travail de terrain en science, mais aussi dans d’autres contextes. Le principe en est plutôt simple : il s’agit d’un rouleau de cordelette résistante, placé dans un petit boîtier qui s'attache à la ceinture ou au harnais de celui qui effectue un tracé (figure 2). On attache le bout de la petite corde au début du déplacement et le fil se déroule au rythme des pas des explorateurs / scientifiques / techniciens / travailleurs qui pourront, une fois le déplacement terminé, le suivre en sens inverse, vers le point d’origine.
On nomme parfois cet outil « fil d’Ariane », puisque cette méthode est directement inspirée de la mythologie grecque. Ariane était amoureuse de Thésée qui avait été condamné à mort. Contre la promesse qu’il lui fit de l’épouser, cette dernière lui fournit un fil qui lui permettra de retrouver son chemin dans le labyrinthe dans lequel il doit affronter le Minotaure, un monstre fabuleux à corps d’homme et tête de taureau.
Pour l’exploration des cavernes, cet outil est particulièrement pertinent. Les dimensions et les formes des cavernes en font de véritables labyrinthes. Nous pouvons penser aux premières expéditions qui ont tenté de cartographier Amazing Maze Cave dans le sud du Texas. Le nom de la caverne et un simple coup d'œil sur la carte de cette structure permettent de comprendre que le topofil a dû être fort utile dans cette entreprise (figure 3).
De plus, la philosophie des spéléologues fait en sorte que dans une caverne, le passage des humains se fait sans abîmer le site, ce qui convient tout-à-fait à la méthode du topofil. En effet, il n’y a qu’à ramasser le fil sur le chemin du retour, s’assurant ainsi que la visite ne laisse qu’un minimum d'impacts ou de traces. Les autres solutions qui peuvent nous venir à l’esprit – marque sur les murs, peinture aérosol, laisser des objets sur le sol (la méthode du petit poucet), torches, etc. – sont soient beaucoup trop laborieuses, ou endommagent de façon permanente les structures rocheuses, ce qui est se veut l’opposé de l’esprit de respect de la nature que les explorateurs et scientifiques tentent d’observer.
L’utilisation de topofil est aussi courante dans d’autres disciplines : en écologie pour tracer et identifier des transects à peu de frais, pour parcourir de bonnes distances en forêt et s’assurer de revenir par le même chemin. Cet outil peut aussi servir à mesurer approximativement une distance à parcourir - par exemple un fil d’une longueur de 1000 mètres permet d’évaluer un distance de 1 km parcouru dans un sentier forestier. Le topofil est aussi utile dans l’exploration de cavernes sous-marines. Ariane est aussi à l’origine du nom donné aux fusées exploratoires de la France : Ariane 1 à 6, mais l’histoire ne précise pas si ce nom a été donné aux fusées pour aider à retrouver leur chemin vers la Terre.
Auteur : Pierre Paquin
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