Figure 1. Amina craint qu’une chauve-souris ne se prenne dans ses cheveux en passant près d’elle. Cette croyance est très persistante même si les faits ne la supportent pas. (Crédit : Paquin & Roy-Savard). 

Les cheveux

Les chauves-souris (chiroptères) sont l’objet de nombreuses exagérations et méprises. Une particulièrement tenace est celle qui veut que les chauves-souris s'emmêlent dans les cheveux des gens (figure 1). Quand on y pense, il est plutôt surprenant que cette croyance colle à ces animaux qui sont pourtant “équipés” de système sonar pour se diriger. La plupart des chiroptères sont nocturnes et une des adaptations à ce mode de vie est de pouvoir se déplacer sans risquer de se blesser. Pour y arriver, les chauves-souris utilisent l’écholocation pour percevoir les objets qui les entourent et les limites de leur environnement. En plein vol, les chiroptères émettent des sons qui atteignent les objets environnants et rebondissent en direction de la chauve-souris. Celles-ci sont pourvues d’une audition très performante et peuvent décoder ces rebonds sonores pour interpréter la position et la teneur des objets environnants. Comme elles se servent de l'ouïe pour se diriger en pleine noirceur, la vision de la plupart des chiroptères n’est pas très développée. C’est peut-être cette vision limitée qui laisse croire que les chauves-souris peuvent se heurter à différents objets dans leurs passages - comme la chevelure - mais en absence de lumière, la direction par écholocation est plus que performante. Se trouver dans un couloir étroit d’une caverne, en pleine obscurité et entendre des chauves-souris y voler à toute vitesse sans qu’aucune ne heurte les parois, est très convaincant. À la lumière de cette anecdote, une chauve-souris qui soudainement perd ses moyens et heurte la tête de quelqu'un - alors qu’elle est capable de se diriger parfaitement en pleine obscurité dans un couloir étroit ou en évitant les stalactites et les stalagmites - semble très peu probable.

Les vampires

Une autre source de fausses croyances à propos des chiroptères concerne les espèces qui se nourrissent de sang qu’on appelle communément vampire. Il n’y a que 3 espèces sur les 1400 connues qui sont hématophages, mais l’image d’un animal qui se nourrit de sang est tellement forte que les vampires sont connus de tous. Le minois intriguant du vampire commun [Desmodus rotundus (Geoffroy 1810)] avec ses petites oreille pointues, un regard noir et profond, un nez qui semble difforme et une bouche qui semble esquisser un malin sourire (figure 2), ont contribué à la naissance du phénomène social appelée vampirisme.

Figure 2. Desmodus rotundus (Geoffroy 1810), le vampire commun, une des trois espèces de chiroptères hématophages. Avec un tel minois (oreilles pointues, regard noir, nez qui semble difforme et un malin sourire) et un mode de nutrition a base de sang, il est compréhensbible que cet animal soit à l’origine d’un monde imaginaire complexe et fascinant et ait donné lieu au vampirisme. (Crédit : Shutterstock).

La première histoire à mettre en scène un “vampire” est celle de Bram Stocker : Dracula, publié en 1897. Dès cette origine, on emprunte quelques réalités biologiques aux chauves-souris pour les adapter dans un contexte fantastique appliqué aux humains. 

  1. Les vampires / humains sont nocturnes et la lumière du jour peut les tuer. Directement inspiré du mode de vie nocturne des chiroptères.
  2. Les vampires / humains se nourrissent de sang. Quelques chauves-souris sont effectivement hématophages et se nourrissent de sang.
  3. Les vampires / humains ont un aspect sombre. La plupart des chauves-souris sont effectivement brunes ou noires.
  4. Les vampires / humains sont munis de cape ou de vêtements qui entourent leur corps. Les chauves-souris s’entourent souvent de leurs ailes au repos, ce qui donne l’impression de porter un vêtement plutôt moulant (figure 3), ou une cape.
  5. Les premiers vampires / humains avaient un visage qui rappelait quelque peu les véritables vampires (figure 4). Avec le temps, on assiste à une dérive vers des visages plus humains et jolis comme dans la série Twilight, pour le plus grand bonheur des uns et le plus grand malheur des autres.
Figure 3. Certains chiroptères sont des sources d'inspiration pour les histoires de vampire avec leur aspect sombre, une allure allongée et une position de repos particulière. On voit aussi une certaine forme d’élégance. Et que dire de ce regard ? Il n’est pas surprenant que ces animaux soient à l'origine de plusieurs récits imaginaires, surtout si on regarde le monde du point de vue des chauves-souris. (Crédit : Shutterstock).
Figure 4. Une représentation graphique de vampire. Il y a eu une lente évolution de l’aspect des premiers “vampires” depuis Dracula jusqu’à la dernière incarnation de ce monde dans la série Twilight, qui se veut plus romantique. (Crédit : Shutterstock).

Auteur : Pierre Paquin

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Publié 
11/9/2023
 dans la catégorie 
Fractalis