Figure 1. Les Curculionidae constituent une famille qui contient environ 83 000 espèces, un des groupes le plus diversifié de la planète. (Crédit : Pierre Paquin).
Figure 2. La bestiole que Matt a découverte est un Curculionidae ! Identifié à la famille sans problème grâce au rostre et aux antennes coudées. (Crédit : Paquin & Roy-Savard).

Les Curculionidae forment une famille de l’ordre des Coléoptères (figure 1). Ces insectes sont reconnaissables à leurs antennes coudées mais c’est la structure élancée située entre les deux yeux (qui rappelle un peu un long nez) qui est très particulière (figure 2). Cette structure, nommée rostre, n’est pas toujours aussi élancée que chez cette espèce du genre Curculio (figure 3); elle est parfois plus modeste comme chez Polydrusus formosus (Mayer 1779) (figure 4). Cette structure, qui rappelle un nez par sa position, est en fait une élongation de la tête qui se termine par ... la bouche ! Oui oui, une bouche au bout du “nez”. La présence de ce rostre permet de reconnaître les curculionides sans difficulté. Ces insectes possèdent un corps et des élytres qui sont très durs et très résistants, ce qui cause parfois des surprises aux entomologistes qui tentent de les épingler.

Figure 3. Coléoptère du genre Curculio. Le rostre allongé est une incroyable structure. (Crédit : Gilles Arbour).
Figure 4. Polydrusus formosus. Magnifique Curculionidae au rostre plus court. (Crédit : Gilles Arbour).

Les Curculionidae composent un des groupes d’êtres vivants le plus diversifié de la planète avec 83 000 espèces décrites (figure 1) et probablement encore beaucoup à découvrir. Ces insectes se nourrissent de diverses matières végétales. Certains entomologistes précisent que ces insectes exploitent chaque partie possible des plantes, soit pour s’en nourrir directement, soit pour s’y loger : feuille, tige, racine, bourgeon, fleur, graine, fruit, etc. Le long rostre permet d’accéder à de la nourriture protégée par une écorce coriace - comme un gland de chêne par exemple - il permet aussi aux femelles d’accéder à des parties de plantes qui sont difficiles d’accès afin d’y déposer leurs œufs. Cette capacité à maximiser l’efficacité de la ponte est la principale hypothèse pour expliquer l'incroyable succès évolutif de cette famille.

Tous les curculionides se nourrissent de matériel végétal, mais la plupart sont des oligophages (oligo- = peu; -phage = manger) qui se nourrissent de quelques espèces végétales seulement ou encore des monophages (mono- = un seul; -phage = manger), ce qui veut dire que ce sont des spécialistes d'une seule, parfois deux, espèces végétales bien précises. Ces catégories s’opposent à polyphages (poly- = plusieurs), qui veut dire dans ce contexte, se nourrir de plusieurs espèces de plantes. Par exemple, Mononychus vulpeculus (Fabricius 1881) est inféodé aux iris (comme Iris versicolor Linnaeus 1753), il s'agit donc d’une espèce oligophage (figure 5).

Figure 5. Mononychus vulpeculus est surtout inféodé à l’Iris versicolore (Iris versicolor). La littérature mentionne cependant que ce Curculionidae est aussi associé à d’autres espèces d’iris; il s'agit donc d’une espèce oligophage. (Crédit : Gilles Arbour).

Les curculionides possèdent une chitine particulièrement dure qui est difficile à percer pour la plupart des prédateurs. En plus de cette défense naturelle, ces coléoptères “font le mort” et se laissent tomber par terre si un danger imminent se présente. Le corps de certaines espèces est même encavé pour accueillir les pattes et le rostre qui se replient en cas de danger. Ainsi recroquevillés, immobiles et camouflés au sol, l’attention des prédateurs n’est pas maintenue très longtemps, ce qui est salutaire pour ces coléoptères.

Les insectes qui se nourrissent de plantes que les humains cultivent, sont qualifiés de “pestes”. Par exemple, Ampeloglypter ampelopsis LeConte 1876 se nourrit de vignes, ce qui ne fait évidemment pas le bonheur des viticulteurs ! Même s’il est plutôt joli avec son rostre recourbé.

Figure 6. Ampeloglypter ampelopsis se nourrit de vignes, ce qui lui vaut le qualificatif de peste. (Crédit : Gilles Arbour).

Auteur : Pierre Paquin

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Publié 
17/6/2024
 dans la catégorie 
Fractalis