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Famille: 

Thomisidae

Détails

Cette famille est représentée dans la province par 32 espèces, mais six autres, jugées probables, sont également traitées ici. Au Québec et au Canada, la taxonomie des Thomisidae est bien connue grâce aux révisions de Turnbull et al. (1965), de Dondale et Redner (1975a, 1976b), et à la synthèse de la famille de Dondale et Redner (1978).
Les Thomisidae se distinguent des autres familles (sauf des Philodromidae) par une apparence générale qui rappelle celle des crabes : ils sont aplatis, possèdent des pattes robustes et se déplacent latéralement par mouvements saccadés. Ces araignées tirent de cette apparence le nom commun d’araignées crabes (crab spiders).
Les araignées de cette famille ne tissent pas de toiles. Elles chassent à vue en attendant patiemment leurs proies, profitant de leur coloration qui s’harmonise avec leur environnement immédiat. Gertsch (1949) les qualifie de maître du camouflage. Dondale et Redner (1978) précisent qu’il y a deux tendances dans la coloration des Thomisidae : certains sont dotés de couleurs vives (Misumena et Misumenops) tandis que les autres arborent une coloration plus sombre (Coriarachne, Bassaniana, Ozyptila, Tmarus et Xysticus). Les espèces aux couleurs vives se trouvent sur les fleurs et sur les arbres et les arbustes en fleurs, où elles attrapent les pollinisateurs qui passent à leur portée. La plus connue qui utilise cette stratégie est Misumena vatia, dont les femelles sont de couleur jaune ou blanche, flanquée de deux bandes longitudinales rose vif. Packard (1905) a été le premier à décrire un curieux phénomène observé chez cette espèce : en 5-6 jours, elle peut changer de couleur, passant du jaune au blanc, pour mieux s’harmoniser avec les fleurs sur lesquelles elle se trouve. Cette espèce porte le nom anglais de flower spider (Gertsch 1949). Les espèces de coloration sombre occupent un autre type d’habitat. On les trouve associées à la litière des forêts, aux écorces des arbres, ou encore aux milieux ouverts. Leur coloration foncée tachetée de blanc les confond parfaitement avec le substrat qu’elles occupent. Immobiles, elles sont très difficiles à voir jusqu’à ce qu’un mouvement les trahisse.
Il existe un dimorphisme sexuel prononcé pour certaines espèces de cette famille : pour une même espèce, l’apparence et la taille des mâles diffèrent beaucoup de celles des femelles. Il est souvent difficile de faire l’association correcte des sexes car certaines femelles sont jusqu’à dix fois plus grandes que les mâles et arborent des motifs de couleurs différents.
Les Thomisidae sont munis de petites chélicères, ce qui est surprenant pour des araignées dont la survie dépend du succès de leur chasse à vue. Gertsch (1949) mentionne que le venin de ces araignées est particulièrement puissant pour paralyser les proies, ce qui compense pour le handicap des chélicères de petite taille. Elles s’attaquent sans difficulté à des proies beaucoup plus grandes qu’elles, comme les abeilles, en les mordant entre la tête et le thorax.
Les espèces du genre Xysticus possèdent des motifs qui évoquent ceux des écorces et de la litière. Leur coloration varie de brun foncé à presque noir, sur fond jaune ou blanc et peut quelquefois prendre une teinte rosée ou jaunâtre. Xysticus elegans (fig. 2520) et X. emertoni sont des espèces communes de la forêt boréale. Tmarus angulatus est une espèce d’une couleur gris sombre que l’on rencontre sur les arbustes. Au repos, elle adopte une position particulière : les pattes antérieures sont étendues le long de la branche qui sert de support de sorte que le corps de l’araignée a l’apparence d’un bourgeon ou d’une simple bosse (Kaston 1948). L’abdomen des femelles est muni d’une protubérance sur la partie postérieure, qui lui donne un aspect un peu carré, d’où son nom, angulatus.
Les Thomisidae comptent des raretés au Québec, dont Misumenops carletonicus et Coriarachne brunneipes (Hutchinson 1999c, Paquin et al. 2000), mais plusieurs espèces (Misumena vatia, Xysticus gulosus, X. triguttatus et X. ferox) sont communes.