On compte trois Corinnidae du genre Castianeira au Québec, mais la présence de Trachelas tranquillus est également probable dans le sud de la province.
Les Castianeira sont élancés et munis de pattes effilées. Le céphalothorax et l’abdomen sont fortement sclérifiés et luisants. On observe beaucoup de variabilité dans les motifs de coloration : le céphalothorax de C. cingulata est entièrement brun sombre, mais certains spécimens présentent sur la partie inférieure une coloration orange clair très contrastante. Les motifs abdominaux créés par les bandes de soies blanches en forme d’écaille sont aussi variables chez C. cingulata et C. longipalpa (fig. 484), mais la variabilité de ce motif est encore plus grande chez C. descripta (voir figs 497 à 499).
Les Castianeira sont des araignées myrmécomorphes, c’est-à-dire que leur apparence rappelle celle des fourmis. Cette ressemblance n’est pas que morphologique, car même les mouvements sont calqués sur la gestuelle qui caractérise les fourmis : des déplacements très rapides, entrecoupés de pauses et de changements brusques de direction (Reiskind 1969, Dondale et Redner 1982). À l’arrêt, les Castianeira étirent parfois leurs pattes antérieures au-dessus du céphalothorax, une posture qui évoque une fourmi et ses antennes. Ces araignées sont souvent observées en compagnie de fourmis, mais la nature exacte de leur association est encore nébuleuse. Les Castianeira tirent certainement un avantage de ce mimétisme et l’hypothèse la plus probable est une réduction des risques de prédation. Reiskind (1970) a démontré le cas extraordinaire de Castianeira rica Reiskind, une espèce tropicale, qui imite jusqu’à cinq types de fourmis différents, suivant son sexe, son stade de développement et la variation de couleurs des femelles adultes.
Les Castianeira sont diurnes. Ils se déplacent rapidement sur le sol et dans la litière des forêts décidues, mais aussi dans les milieux ouverts comme les champs et les sentiers, parmi les pierres ou les débris ligneux.
Castianeira descripta est l’espèce la plus commune du Québec. Sa répartition couvre la majeure partie de l’est du continent et elle se trouve au nord jusqu’à la forêt boréale. La répartition de C. longipalpa n’est pas aussi nordique, mais se trouve sur l’ensemble du continent. Castianeira cingulata est également une espèce de l’Est et sa présence au Québec n’est connue que de l’extrême sud de la province.
Trachelas tranquillus est connu de plusieurs localités en Ontario et en Nouvelle-Écosse (Dondale et Redner 1982). Le battage de la végétation dans le sud de la province révélera probablement la présence de cette espèce à coloration contrastante. Trachelas tranquillus a la réputation d’infliger des morsures douloureuses et même causer des enflures (Platnick et Shadab 1974).