Uloboridae
Les trois espèces de cette famille qui se trouvent au Québec sont facilement reconnaissables à leur aspect général. L’arrangement particulier de la région oculaire et
Les Uloboridae sont uniques parmi les araignées puisqu’ils ne possèdent pas de glandes à venin. Pour tuer leurs proies, ils les enveloppent dans de la soie puis les maintiennent solidement entre leurs palpes pour les asperger de sucs digestifs. Les chélicères, qui servent habituellement à percer la chitine des proies, jouent un rôle mineur dans l’ingestion de nourriture de ces araignées. Une partie de la soie utilisée pour immobiliser la proie est ingérée par l’araignée. Elle recycle ainsi une grande partie de cette précieuse ressource (Opell 1979).
Selon Lubin et al. (1982), il existe une surprenante diversité de toiles au sein de cette famille, compte tenu du nombre restreint d’espèces.
Au Québec, nous pouvons observer deux types de toiles d’Uloboridae. Les Hyptiotes tissent des toiles triangulaires faites de trois ou quatre secteurs, qui comptent chacun une dizaine ou plus de fils collants (fig. 2686). Elles sont construites parmi les brindilles dans les branches basses des conifères, souvent vers le centre de l’arbre. La toile est mise sous tension par l’araignée, qui tire un des fils supérieurs avec ses deuxième et troisième paires de pattes. Elle relâche subitement la tension lorsqu’un insecte touche la toile, ce qui accroît le succès de capture (Opell 1982, Lubin 1986).
Deux espèces d’Hyptiotes sont connues au Québec : H. gertschi, dont la répartition couvre la majeure partie de l’Amérique du Nord, et H. cavatus (fig. 2687), une espèce restreinte à l’est du continent. Cette dernière atteint sa limite nord au Québec. La seule mention connue de notre territoire provient d’un exemplaire récolté dans une érablière à caryer dans l’extrême sud de la province (Hutchinson 1998c). Selon Dondale et al. (2003), l’apparence des Hyptiotes évoque grossièrement celle d’un bourgeon sur une branche à cause des bosses de l’abdomen et de la couleur grisâtre. Nos deux espèces, qui sont adultes à la fin de l’été et à l’automne, se ressemblent beaucoup mais un examen attentif des genitalia permet de les distinguer.
Uloborus glomosus construit une toile de 10 à 15 cm semblable à celle des Araneidae, à la différence que la toile d’Uloborus est horizontale. L’aspect de cette araignée est unique à cause de la touffe de soie du tibia I des mâles, qui lui vaut le nom vernaculaire de featherlegged orbweaver en anglais. Au Québec, la répartition de cette espèce se limite à la portion méridionale de la province (Hutchinson & Paquin 2000).
Les femelles Uloborus glomosus alignent leurs sacs d’oeufs le long d’un rayon de leur toile (Cushing 1989). L’araignée adopte une position recroquevillée au bout de la chaîne de sacs d’oeufs, ce qui la rend peu visible. Lorsqu’elle se sent menacée, elle balaie de ses pattes les sacs d’oeufs comme pour les débarrasser de guêpes parasites (Cushing 1989). Ces mouvements défensifs varient en fonction de l’heure de la journée, ce qui, selon Cushing & Opell (1990a, b), correspond à une série de comportements pré-adaptés aux prédateurs et aux parasites actifs à différentes périodes du jour.
Récemment, une population de l’espèce pantropicale Zosis geniculata a été rapportée dans une serre du sud de l’Ontario, mais la présence de cette espèce à cette latitude est considérée comme accidentelle.