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Famille: 

Mimetidae

Détails

Le Québec compte cinq espèces de Mimetidae réparties en deux genres, Mimetus et Ero. En plus de leur aspect particulier, les araignées de cette famille se distinguent par les tarses des deux premières paires de pattes qui sont munis d’une série de longs éperons intercalés entre plusieurs épines plus courtes (fig. 59). Les Mimetus sont plus robustes et mesurent environ 5 mm tandis que les espèces du genre Ero sont délicates et de plus petite taille, soit un peu plus de 2,5 mm.
Les Mimetidae sont des prédateurs spécialisés. Ils se nourrissent exclusivement d’autres araignées, qu’ils capturent à même leurs toiles. Une fois le propriétaire dévoré, les Mimetidae demeurent quelque temps dans la toile nouvellement inoccupée. Le nom de la famille vient du grec mimetos, qui veut dire imiter ou copier, à cause de la croyance que les espèces de cette famille tissaient des toiles ressemblant à celles des Theridion (Theridiidae), Metepeira (Araneidae) et Araneus (Araneidae). Cette croyance s’est avérée fausse puisqu’il est maintenant connu que les Mimetidae ne tissent pas de toiles, mais occupent celles de leurs proies. Les Mimetidae tirent leur nom commun d’araignées pirates (pirate spiders), de cette étonnante particularité qui consiste à attaquer et à se nourrir exclusivement d’autres araignées. Roberts (1995) mentionne que le nom vernaculaire allemand Spinnenfresser, est sans doute plus approprié puisqu’il signifie « mangeuses d’araignées ».
Les Mimetidae se déplacent lentement. Ils avancent dans les toiles de leurs victimes et, selon Roberts (1995), titillent même les fils de soie comme le ferait une proie prise dans la toile ou un partenaire pour la reproduction, afin d’attirer l’araignée pour pouvoir la saisir. Les Mimetidae du genre Mimetus bondissent sur leurs victimes au tout dernier moment et profitent ainsi d’un effet de surprise (Archer 1941). La forme des premières paires de pattes est particulièrement efficace pour ramener les proies qu’ils neutralisent avec un puissant venin, à en juger par la rapidité avec laquelle il agit (Gertsch 1949). Cette efficacité leur permet de capturer des araignées qui sont parfois beaucoup plus grosses qu’eux (Archer 1941). Les proies ne sont pas mastiquées comme le font les Araneidae, mais vidées de leur contenu par une perforation pratiquée dans une des pattes (Kaston 1948, Roberts 1985). Les espèces du genre Mimetus semblent préférer les Araneidae et les Theridiidae de bonne taille, tandis que les Ero préfèrent les plus petites araignées, comme celles du genre Theridion. Kaston (1948) rapporte qu’Ero leonina se suspend sous les feuilles et attaque les autres araignées qui passent à sa portée.
Les Mimetidae ne tissent pas de toiles mais utilisent tout de même de la soie pendant les périodes de mue et pour la reprodution. Les mâles s’avancent lentement vers les femelles et procèdent à un accouplement dont la durée est très brève (Roberts 1995). Le mode de vie nomade des Mimetidae entraîne des habitudes de ponte intéressantes. Les espèces du genre Ero suspendent leur sac d’oeufs au bout d’un fil, le recouvrent de soie ébouriffée, puis l’abandonne (Roberts 1995). Ces sacs d’oeufs, d’aspect caractéristique (fig. 1940), sont souvent plus faciles à repérer que les araignées qui les ont pondus. Les Mimetus placent leurs sacs dans les toiles des araignées qu’elles ont dévorées (Archer 1941).
Les deux genres de Mimetidae présents au Québec se distinguent par leurs caractéristiques morphologiques, par leur répartition et par leur choix d’habitat. Les Mimetus sont restreints à la partie méridionale de la province et se trouvent sur les buissons et sur la végétation en général (Archer 1941). Les espèces du genre Ero sont largement réparties au Québec et se rencontrent au nord jusqu’à la forêt boréale. Les espèces du genre Ero sont associées à la litière des forêts (Archer 1941). Bristowe (1941, 1958) rapporte qu’Ero furcata, une espèce européenne très semblable à E. leonina, n’a porté aucune attention aux collemboles, hémiptères, coléoptères, diptères et microlépidoptères qui lui étaient offerts. Mais lorsqu’un Theridion lui était présenté, E. furcata étendait ses pattes pour l’attraper, le ramener vers lui et le paralyser avec sa morsure venimeuse.
Machado (1941) mentionne que les chélicères des espèces du genre Ero sont munies de fines structures râpeuses qui permettent la stridulation, comme on en observe chez les Linyphiidae. Ces structures servent probablement de mécanismes d’appel pour l’accouplement et la reconnaissance intraspécifique, mais il n’existe pas d’observations sur ces comportements pour les Mimetidae.
Hutchinson (1993b) et Paquin et al. (2000) commentent la présence d’Ero canionis (fig. 1937) et d’E. leonina au Québec. Ces espèces se caractérisent par une phénologie tardive et les individus matures se rencontrent tard à l’automne. Comme les caractères d’identification se trouvent surtout dans les structures génitales des mâles et des femelles, les immatures sont difficiles à reconnaître sans examen attentif et doivent souvent mis à l’écart. Cette particularité expliquerait, en partie du moins, leur rareté dans les collections.
Mimetus puritanus est l’espèce la plus commune du genre et elle se trouve dans le sud de la province. On la récolte en battant ou en fauchant la végétation basse et clairsemée (Archer 1941). Mimetus notius n’est connu dans la province que d’une seule femelle (Hutchinson 1999a), mais sa rareté est probablement attribuable à un manque d’échantillonnage dans les habitats appropriés.