La Nature est pour moi un laboratoire vivant, source inépuisable de découvertes et de merveilles. Je parcours le territoire à la recherche de plants d'asclépiades, nourriture exclusive pour les chenilles du papillon monarque. J’observe attentivement les feuilles à la recherche de petits œufs ou de chenilles. Ceux-ci se retrouvent souvent sur des plants menacés par le piétinement ou la coupe. Une fois que j'ai récupéré ces trésors fragiles, je les élève avec soin, en veillant à recréer un environnement proche de leur habitat naturel. Cette expérience me permet de mieux comprendre les subtilités du cycle de vie de ce magnifique papillon, et de prendre part à sa sauvegarde.
L'histoire du développement de la chenille du papillon monarque est une véritable aventure, qui commence avec la ponte d'un œuf par une femelle papillon sur un plant d'asclépiade. Mais parfois, la Nature réserve des surprises et il arrive que l'œuf soit déposé sur des parties inusitées de la plante. Comme ce fut le cas lorsque j'ai découvert un œuf délicatement posé sur le bouton d'une fleur d'asclépiade (voir photo 1). C'était un véritable chef-d’œuvre, une oeuvre d’art que seule la Nature peut créer. Et que dire de cet œuf qui avait été déposé sur le dos d'une petite chenille par une femelle papillon qui était pressée de pondre (voir photo 2) ?
Au fil de mes observations, j'ai remarqué que la plupart des œufs du papillon monarque sont déposés sous une feuille d'asclépiade, offrant ainsi une cachette sûre pour la petite larve à naître. Cette position permet de la protéger des intempéries et des prédateurs, tout en offrant un environnement favorable à sa croissance. Les œufs, d'une taille minuscule (environ 1 mm) ont une couleur jaune crème, avec de fines stries longitudinales sur leur surface (voir photo 3). Dès qu'un point noir apparaît au sommet de l'œuf (voir photo 4), on peut deviner la tête de la petite chenille qui se prépare à sortir. En général, entre deux et douze jours après la ponte, la petite chenille émerge de l'œuf. Ces moments de naissance et de croissance sont des merveilles de la nature, qui nous rappellent la beauté et la fragilité de la vie.
Après l'éclosion de l'œuf, commence le deuxième stade du développement du papillon monarque avec l'apparition de la petite chenille. Cette larve affamée se nourrit en premier lieu de la coquille de l'œuf qui l'a abritée (voir photos 5, 6 et 7). À ce stade, la larve est incroyablement petite, mesurant à peine plus que la longueur d'une pointe d'aiguille, soit environ 1,8 mm (voir photo 8).
Après avoir mangé la coquille de l'œuf ainsi qu’un peu de la feuille d'asclépiade, la larve du papillon monarque atteindra une longueur d'environ 2 mm avant de chercher un endroit sûr pour faire sa première mue. Durant cette période, la petite chenille est vulnérable et doit se débarrasser de son ancienne enveloppe pour grandir, car son squelette est trop rigide pour s'étirer. En tout, la larve fera cinq mues pour atteindre une taille d’environ 50 mm.
Après son premier repas, la petite chenille va commencer à grignoter la feuille de l’asclépiade. On peut observer le schéma de mastication de la chenille sur une feuille d’asclépiade (voir photos 9, 10 et 11). Le latex de la plante, encore humide et blanc est visible sur les photos 9 et 10. Sur la photo 11, on remarque que la portion de la feuille a été mangée depuis plusieurs heures, car le latex a oxydé.
Afin d'illustrer l'incroyable croissance de la chenille du papillon monarque, j'ai pris une photo chaque jour, du jour 1 de la naissance jusqu'au jour 12 avant la formation de la chrysalide. Je l’ai placée à côté d'une pièce de 10 sous pour avoir une bonne perspective de son développement (voir photos 12 à 23). Au fil des jours, la chenille grandit à une vitesse impressionnante, passant d’une longueur de 1,8 mm à environ 50 mm avant de se transformer en chrysalide.
La chenille du papillon monarque se distingue par ses rayures blanches, noires et jaunes, ainsi que par deux filaments situés sur le deuxième segment près de sa tête et une paire de filaments plus courts sur le onzième segment, qui sont des organes sensoriels. Au fil de sa croissance, ses rayures deviennent de plus en plus vives, ce qui sert à prévenir les prédateurs de sa toxicité. En se nourrissant de sa plante vitale, l'asclépiade, la chenille accumule les cardénolides du latex, qui la rendent toxique. C'est ainsi que la chenille peut éviter d'être mangée, car les prédateurs apprennent à associer la couleur vive de ses rayures à la toxicité.
La mue est une étape importante du développement de la chenille du papillon monarque. Juste avant de muer, la chenille cesse de se nourrir et se cache, car elle est alors vulnérable. Elle effectue sa deuxième mue lorsqu'elle atteint une longueur d'environ 6 mm, la troisième à une longueur d'environ 15 mm et la quatrième à environ 35 mm. Les photos 24, 25 et 26 illustrent le processus de mue chez une chenille. Il est intéressant de noter que la nature ne laisse pas de déchet, car la chenille mange la plupart du temps sa vieille enveloppe. La cinquième et dernière mue correspond à la formation de la chrysalide, troisième stade du papillon monarque.
Les photos 27, 28 et 29 présentent une chenille de papillon monarque qui se nourrit avec appétit pour atteindre une longueur d'environ 50 mm. Une fois cette taille atteinte, elle cessera de s'alimenter et cherchera un endroit sûr à l'abri pour se transformer en chrysalide.
Le développement de la chenille du papillon monarque est un processus fascinant rempli de surprises et d'émerveillement à chaque étape. En continuant d'observer et de protéger ces créatures captivantes, nous pouvons en apprendre encore plus sur elles et peut-être découvrir de nouvelles merveilles dans notre environnement naturel. Dans un prochain article, suite à l'étude des stades 1 et 2 (oeuf et chenille), nous allons explorer les étapes de transformation de la chenille en chrysalide, le troisième stade passionnant de la vie du papillon monarque.
Voir aussi les autres articles sur le papillon Monarque: https://www.natureweb.com/auteurs/yolaine-rousseau
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