Les Oxyopidae comptent une seule espèce au Québec, Oxyopes scalaris, rapportée pour la première fois dans la province par Paquin et al. (2000).
Oxyopes scalaris (fig. 1964) se trouve partout aux États-Unis et au Mexique (Brady 1964, Dondale et Redner 1990). La limite nord de sa répartition atteint le sud du Canada, où l’espèce est sporadique (Cutler et al. 1971). Oxyopes scalaris est associé à la végétation et montre des préférences pour les pins (Pinus spp.) et pour quelques autres conifères, en particulier les genévriers (Juniperus spp.).
Dondale et Redner (1990) mentionnent que les Oxyopidae utilisent deux types de stratégies pour attraper leurs proies. Ces araignées peuvent demeurer immobiles, les pattes antérieures étendues, jusqu’à ce qu’une proie passe près d’elles et qu’elle la saisissent. Ou elles peuvent bondir comme le ferait un félin, d’où leur nom vernaculaire anglais de lynx spider. Cutler et al. (1971) ajoutent que les mouvements de l’araignée lors de l’assaut final sont extrêmement rapides. La vision semble un élément-clé dans le mode de chasse des Oxyopidae. Lorsque la chasse est fructueuse, ces araignées ramènent leur proie vers leurs chélicères en se servant de leurs pattes antérieures comme d’un panier.
L’accouplement chez O. scalaris a été observé par Cutler et al. (1971). Le mâle s’approche en tapotant le substrat avec ses pattes antérieures, qui sont étendues, Si la femelle est réceptive, elle entre dans un état de torpeur. Le transfert de la semence est tellement rapide qu’il est difficile à observer.
Les sacs d’œufs de cette espèce ont la forme d’un petit disque blanc et bombé qui est fermement fixé au substrat. Il y a habituellement production de deux sacs d’oeufs avec une seule fertilisation. La femelle demeure avec le sac pour assurer sa défense contre les agresseurs jusqu’à l’éclosion des petits. Les jeunes araignées demeurent de un à trois jours près du sac vide avant de se disperser.
La nuit, la position qu’adopte O. scalaris est particulière : il se laisse pendre au bout d’un fil fixé sous une feuille. Lowrie (1971) rapporte que les échantillons de fauchage récoltés la nuit contiennent de plus nombreux spécimens parce qu’ils seraient plus faciles à déloger dans cette posture que durant le jour, alors qu’ils sont fermement accrochés à la végétation.
Les données recueillies sur la phénologie de l’espèce au Minnesota suggèrent que les femelles sont matures au début de l’été, et que les juvéniles passent l’hiver pour devenir adulte la saison suivante. Les mâles ne seraient présents qu’au mois de juin. Il est probable que ce cycle biologique soit semblable à celui d’O. scalaris au Québec, mais des données supplémentaires seraient souhaitables pour le confirmer.
La variation du motif abdominal est très grande chez cette espèce, ce qui explique les nombreux synonymes.