Bien qu’aucun spécimen de cette famille n’ait été récolté au Québec, la présence de Scytodes thoracica (fig. 2283) est probable. Il s’agit d’une espèce synanthrope et cosmopolite. Hutchinson et Bélanger (1994) rapportent qu’un exemplaire a été récolté à Belleville en Ontario.
La plupart des Scytodidae sont associés à des climats chauds, mais S. thoracica a été récoltée dans des habitations situées dans des régions assez froides comme le sud de l’Angleterre, le nord de l’Europe (Roberts 1995) et le Connecticut (Kaston 1948). Les autres espèces qui vivent au sud des États-Unis et au Mexique sont associées à des habitats naturels, mais S. thoracica semble restreinte aux habitations humaines dans toute son aire de répartition.
Les espèces de cette famille se reconnaissent facilement à l’aspect unique du céphalothorax, largement bombé dans la partie postérieure (voir fig. xxx). Cette forme particulière est due aux énormes glandes à venin qui occupent presque entièrement le céphalothorax. Ces glandes sont divisées en deux parties : la petite partie est semblable à celle que l’on trouve chez les autres araignées, la partie postérieure est spécialisée dans la sécrétion d’un liquide gluant (Millot 1930). Les araignées du genre Scytodes immobilisent leur proie en crachant cette substance collante (fig. 2282) (Monterosso 1928). Les deux jets en zigzags couvrent une plus grande surface pour engluer les proies. Grâce à cette tactique, ces araignées peuvent attraper des proies qui se trouvent à plusieurs centimètres devant elles (Gertsch 1949). Cette caractéristique unique chez ces araignées leur a donné le nom vernaculaire d’araignées cracheuses (spitting spiders).
Scytoda thoracica est une espèce nocturne qui se déplace lentement à la recherche de proies dans les habitations. Les femelles transportent leur sac d’œufs entre les filières et les chélicères à l’aide de quelques fils de soie. Les Scytodidae appartiennent aux familles dites haplogynes, qui se caractérisent par l’absence de structures génitales externes chez les femelles, comme chez les Dysderidae et les Pholcidae.