Cette famille est représentée en Amérique du Nord par deux espèces qui se trouvent dans l’Est du continent (Coddington 2017). Theridiosoma gemmosum se rencontre de l’Iowa à la côte atlantique, et au sud, de la Floride jusqu’aux forêts boréales du Québec en Abitibi, en Gaspésie et à Terre-Neuve au nord (Dondale et al. 2003). Cette espèce est aussi présente en Europe et qualifiée d’espèce holarctique (Dondale et al. 2003). Coddington (1986) soupçonne que T. gemmosum serait plutôt introduit en Europe à partir de l’Amérique, mais cette hypothèse n’est toujours pas confirmée.
Les espèces de cette famille ont d’abord été placées au sein des Theridiidae. Le nom Theridiosoma provient de la contraction de Theridio- (voir le genre Theridion: Theridiidae) et de -soma (= corps) et signifie: corps de Theridion (Cameron 2017). Ces araignées ont ensuite été considérées comme une sous-famille des Araneidae, puis élevés au rang de famille au sein de la super-famille des Araneoidea (Coddington 1986, 2017). La présence de fossettes sternales (fig. xxx) et des longues trichobothries sur la face dorsale des tibias III et IV (fig. xxx) constituent deux caractères qui les distinguent des autres familles.
La façon dont T. gemmosum se sert de sa toile pour attraper des proies est étonnante. Il tisse d’abord une toile orbiculaire qui ressemble à celle des Araneidae, mais diffère par les rayons joints entre-eux avant d’atteindre le point central de la toile (fig. xxx) (Whiele 1931). Puis, l’araignée ajoute un fil supplémentaire attaché au moyeu de la toile qu’elle tient entre ses pattes avants. Elle se positionne ensuite à quelque distance de la toile et tire sur ce fil pour créer une tension qui déforme la toile en une sorte de cône (fig. xxx). L’araignée maintient cette tension jusqu’à ce qu’une proie entre en contact avec la toile. Elle lâche alors le fil, ce qui relâche la tension et maximise le contact entre la proie et les fils collants de la toile. Theridiosoma gemmosum augmente ainsi l’efficacité de capture (Comstock 1940, Shear 1986, Coddington 2017).
Theridiosoma gemmosum est un prédateur diurne qui tisse une toile orientée verticalement ou à l’horizontal. Ces toiles se trouvent divers habitats, mais souvent dans des microhabitats très humides et sous couvert forestier fermé. Par exemple: le rivage ou la végétation dense longeant les ruisseaux, dans les interstices rocheux mouillés et dans les marais (Coddington 2017). Au Québec, elle est connue des forêts ombragées comme les pessières et les cédrières, sur les parois rocheuses des ravins et dans les tourbières. Plus au sud, on la rencontre également à l’entrée des cavernes.
Theridiosoma gemmosum est une petite espèce d’environ 2 mm qui tisse des toiles de petites dimensions (10 cm). Les femelles (fig. xxx) sont plus trapues que les mâles (fig. xxx), et ces derniers sont munis de palpes qui semblent démesurés. Dans la partie nord de sa distribution, cette espèce passe l’hiver au stade pénultime (juste avant la maturité sexuelle), mue tôt le printemps suivant et se reproduit (Dondale et al. 2003).
Cette araignée est relativement commune, mais difficile à trouver à cause de sa petite taille. Il est souvent plus facile de repérer les sacs d’oeufs (fig. xxx) que de trouver les toiles ou les araignées. Ces sacs sont de petite taille (3 mm) et suspendus par un fil unique d’environ 2,5 cm souvent fourchu à la base. Ces sacs ont l’aspect du papier et possède une forme qui évoque une petite gouttelette brun doré (Scheffer 1904, Whiele 1931). Une fois éclos, les bébés araignées sortent par une fente circulaire qui fait le tour du sac, près du point d’attache au fil (Dondale et al. 2003). Les sacs vides sont très résistants et persistent dans l’environnement pendant tout l’été qui suit l’éclosion et peuvent être utilisés pour détecter la présence de cette espèce.
Coddington (1986) avait émit l’hypothèse que Theridiosoma gemmosum est un bioindicateur des forêts matures et anciennes, mais il semble que le facteur déterminant de sa présence soit lié au caractère sombre de certaines forêts, plutôt qu’à l’âge des peuplements.