Les papillons de la litière sont discrets et passent souvent inaperçus. Toutefois, ils sont captivants. Leur mode de vie est unique. Dans la majorité des cas, les chenilles sont phytophages, elles se nourrissent de plantes. Mais celles des papillons de la litière vivent dans des tas de feuilles mortes, ou des nids de tamias, d’oiseaux et même de guêpes. Elles y décomposent les détritus de toutes sortes qu’elles recyclent et retournent à la nature. Qui pourrait croire que ces rebuts pourraient insuffler la vie à de si jolis papillons, que la chenille ferait de la matière morte et inanimée un tremplin pour sa vie ? J’ai passé une partie de septembre et d’octobre 2022 à essayer de les repérer, à trouver leur cachette, en passant au crible des nids d’oiseaux abandonnés, des nids de guêpes et de tamias que j’avais croisés sur la route pendant l’été. Cet intérêt pour ce groupe de lépidoptères moins connu m’a permis d’échanger avec le Dr. David Wagner, auteur du fabuleux volume ¨Owlet caterpillars of Eastern North America.¨ Ayant déniché avec mon groupe d’élèves de nombreuses espèces de chenilles inconnues, il m’a proposé, selon un protocole, de faire l’an prochain du Barcoding moléculaire avec ces nouvelles espèces - ce qui m’a encore plus stimulé.
Mais je vous avoue que ma plus grande surprise a été un matin de la fin septembre où je me suis aperçu que la petite colonie de fungus du genre Penicillium que j’avais observée sur des oranges laissées pour compte dans un coin du chalet où j’étais, étaient remplies de petites lignes semblables à des chemins. Quand j’ai vu au loin se promener une chenille de Zanclognatha sp., je me suis dit ¨Incroyable! ¨ En l’espace de moins de 24 heures, elle venait de faire disparaître une partie de la colonie fongique sur l'orange. J’ai pensé alors que j’avais entre les mains une observation des plus fascinantes. J’ai commencé une étude plus approfondie à mon retour à la maison en approchant un laboratoire de recherche pour évaluer le potentiel antibiotique de la sécrétion de cette chenille. Les découvertes sont souvent inattendues !
Ce que j’aime c’est chercher, expérimenter. Et la plupart du temps, ce que l’humain méprise dans la nature, j’ai appris à le transformer en or. Ma passion pour les plantes, toutes ces bombes minérales et vitaminées que nous offre la nature à l’état non transformé, me permet de restaurer mes énergies en forêt, grâce au pissenlit, aux racines de bardane, à la verge d’or, aux feuilles de plantain, etc. Quoi de mieux que de puiser à cette même source et dans cette infinie diversité que nous offre le monde insoupçonné des insectes pour explorer, expérimenter et découvrir ?
Dans cette publication, j’ai ajouté un petit poster où l’on aperçoit soit la chenille, soit le papillon - ou les deux quand j’ai pu découvrir l’un et l’autre. Toutes les informations pertinentes sur les chenilles de ce groupe m’intéressent. Vous aimeriez participer? Un envoi postal d’un spécimen vivant est possible si vous trouvez une de ces chenilles de litière.
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